La cosmétique solide, fer de lance du mouvement zéro déchet. Oui, mais…

Si être zéro déchet se limitait à réduire nos quantités de poubelles ménagères, la cosmétique solide serait une des solutions les plus simples pour réduire nos déchets de salle de bain. Cependant, être zéro déchet ne correspond pas à cette vision des plus simplistes, et la cosmétique solide est bien loin d’être aussi exemplaire qu’elle n’en a l’air. Bouteilles de shampoing, d’après-shampoing, de gel douche etc., notre salle de bain regorge de flacons en plastique qui s’accumulent et constituent une part non négligeable de déchets, pas toujours recyclables et recyclés. l’alternative de la cosmétique solide, sans emballage plastique, voire sans emballage du tout, est une solution mise en avant par le mouvement zéro déchet. Il est clair qu’un shampoing, un après-shampoing solides et des savonnettes sont bien moins génératrices de déchets que leurs pendants embouteillés. La réduction des déchets étant à présent montrée comme un des actes individuels louables, la demande est devenue forte et les cosmétiques solides pullulent. Fait positif me direz-vous! Je vous répondrai, qu’à l’instar du recyclage, la cosmétique solide a une face cachée que l’on se garde bien de nous présenter.

Le shampoing

Ces produits solides, sans emballage ou avec emballages recyclables (qu’on nous dit, mais là c’est un autre sujet!) sont vantés comme biodégradables, sains pour notre santé et l’environnement, sans sulfate et plus économiques car ils durent plus longtemps. Vous vous doutez bien que si je décide de faire un article sur ce sujet, c’est qu’il y a un hic… Commençons par les shampoings. Nous trouvons sur le marché deux catégories:

  • les SAF (savon saponifié à froid)
  • les shampoings solides.

Les premiers sont des savons, au Ph basique, pas du tout adaptés au Ph de notre cuir chevelu plutôt acide. La parade est de faire un dernier rinçage à l’eau vinaigrée pour rétablir le Ph, mais force est de constater que cela ne fonctionne pas pour tout le monde. Par contre, tout le monde s’entend sur le fait que d’avoir de la paille en guise de chevelure est inconcevable.

Les seconds sont des shampoings solides fabriqués à base de tensio-actifs (agents lavants) dits doux et non polluants.

Ces tensio-actifs sont dans la majorité des produits soit le SCI (sodium cocoyl isethionate) soit le SLMI (sodium lauryl methyl isethionate). Tous deux d’origine naturelle et synthétique, ils sont obtenus à partir de la réaction d’acide chlorhydrique et de sodium isethionate, lui-même issu de sodium bisulfite classé toxique et d’oxyde d’éthylène classé cancérigène nocif pour l’environnement. L’acide iséthionate peut, par ailleurs, être extrait des sols sous forme de gaz, mais ce procédé, gourmand en énergie et en solvants, est peu pratiqué. Vous comprendrez pourquoi ces deux produits ne sont pas labellisés bio. Hormis leur mode de fabrication, ces tensio-actifs se retrouvent très souvent en énorme quantité (parfois 50% voire 60%) ce qui les rends plus « détergents » que « shampoings ». Les cas de démangeaisons, pellicules, cheveux poisseux ou paille sont pléthores sur Internet. Passons sur les tensio-actifs…

Ces « shampoings » sont souvent fabriqués à base d’huile de coco (entre autre pour sa capacité à se solidifier), de poudres ayurvédiques ou d’autres ingrédients à la provenance fort fort lointaine. Hors, être zéro déchet, est aussi à mon sens tenir compte un tant soit peu, du « sac à dos écologique » de ces produits: avant d’arriver entre nos mains, ils ont déjà générés moults déchets notamment de par leur transport. À la lumière de ces informations, la question du shampoing solide réellement zéro déchet et respectueux de l’environnement reste-t-elle vraiment en suspens? Je vous livrerai mes choix en fin d’article.

Les après-shampoing

Les après-shampoings solides, quant à eux, sont moins problématiques, encore faut-il bien déchiffrer la composition. Ceux contenant du BTMS (Behentrimonium methosulfate) sont à fuir. Conditionneur capillaire parmi les plus doux, antistatique, cet ammonium quaternaire est le roi de l’illusion tout comme les silicones: des cheveux gainés, brillants, mais au fil du temps…chevelure alourdie, étouffée qui n’est absolument pas nourri par cet ingrédient « cache-misère ». De plus, bien que doux, il reste potentiellement irritant – d’où sa teneur réglementée dans les produits cosmétiques – et polluant de par sa fabrication chimique (huile végétale de colza ou de palme transformé en alcool, puis cet alcool mis en réaction avec du trioxyde de souffre, précurseur de l’acide sulfurique et hautement polluant) nocif pour la faune aquatique. Une chevelure soyeuse, oui, mais à quel prix? Par chance, il existe des après-shampoings solides aux formulations saines, alors n’oubliez pas, lisez la composition!!

Les savons corporels

Les savons à la place du gel douche, oui! Mais là encore pas n’importe quel savon, ou plutôt, pas celui industriel du supermarché…Pourquoi? Pour éviter de se ruiner la peau tout en polluant la planète! Les savons industriels présentent une liste d’ingrédients à rallonge, assez étonnant quant on sait qu’un savon saponifié à froid ne contient que 3 ingrédients: de l’huile végétale, de l’eau et de la soude. Mais quels sont les ingrédients qui reviennent le plus souvent? De l’huile de palme et dérivés, bien entendu, peu chers, mais accéder facilement à ses produits nous prive d’une biodiversité bien plus importante et vitale. De l’EDTA (éthylène-diamino-tétra-acétate), des colorants azoïques, des conservateurs type parabens, bref des ingrédients nocifs et polluants. De plus, la fabrication industrielle utilise bien plus de soude que nécessaire, ce qui rends le savon plus « détergent » ; la pâte est chauffée plusieurs jours à de hautes températures pour accélérer le processus de saponification et, bien sûr gagner en rentabilité. Autant d’éléments qui alourdissent le « sac à dos écologique », alors vous savez quoi faire: prenez un SAF fait par les artisans savonniers!

Mes alternatives

Pour ma part, la question du shampoing est toujours plus ou moins problématique. Non pas que je n’ai pas fait mon choix: les shampoings solides au SCI ou SLMI n’ont pas leur place chez moi.

Je me suis tournée vers des ingrédients contenant naturellement de la saponine (sapo = savon en latin) comme la racine de saponaire. Néanmoins, pour parvenir à une efficacité optimale, ce que sincèrement je ne suis pas encore parvenue à faire comme je le voudrais, de nombreux tests sont nécessaires.

Tenir compte de la nature de ses cheveux, de la qualité de l’eau etc. me prends du temps. Tout comme toutes mes formulations cosmétiques qui demandent à être testées, validées ou améliorées, afin de proposer une recette simple, économique et efficiente. C’est mon choix et mon plaisir, ce n’est pas forcement celui de tout le monde.

Du coup, j’aurais tendance à conseiller de prendre un bon shampoing liquide bio, en vrac de préférence. Les tensio-actifs pour les shampoings liquides (decyl glucoside et coco glucoside) sont les plus doux. Ils ne sont pas non plus la panacée, car fabriqués à base de sucre de maïs ou de coco et d’huile palmiste, ils ne participent pas au maintien de la biodiversité. Néanmoins, ils sont approuvés en cosmétique biologique et polluent bien moins. Dans mes premières tentatives, ayant régulièrement besoin de faire des pauses sur les essais sur mes cheveux, je coupais à l’eau, une base lavante contenant ces deux tensioactifs. Cela me permettait de me laver correctement les cheveux sans que des résidus persistent et de faire durer au maximum le produit.

Pour les démêlants, je n’en utilise plus, mais parfois une simple huile végétale appliquée avant shampoing fait le job! Pour des recettes de démêlants efficaces et économiques, là j’avoue développer une recette simple fut du gâteau, tant est si bien qu’à l’heure actuelle, hormis l’astuce de l’huile avant shampoing, je peux proposer lors de mes ateliers 3 à 4 recettes.

Quant au savon, je le fais moi-même. Cela me permet de choisir ce que je souhaite pour ma peau et celle des miens. Cette recette fait partie des ateliers que je propose, et grâce à cette recette il est également possible de réaliser un gel douche.

D’autres produits solides comme le dentifrice ne présentent pas de risques tant pour notre santé ou l’environnement, il soulève plutôt la question du goût de chacun, voilà pourquoi je n’en ai pas parlé. Comme vous le savez sûrement, pour ma part le brossage se fait exclusivement à l’eau, n’ayant pas de problème au niveau de ma dentition ni des gencives. Je réalise toutefois, à nouveau, le dentifrice pour CherEtTendre, qui a accepté de rejouer les cobayes! Il faut dire que deux de mes derniers clients ont fort apprécié la recette, ce qui m’a permis d’argumenter…

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Publié par Cathy Libaros

Créatrice de l'entreprise Durablement Vôtre, je vous propose des ateliers de fabrication de cosmétiques, produits d'hygiène et ménagers dans le cadre d'une démarche zéro déchet et de la protection de l'environnement

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