Ces applications qui scannent nos achats

Je rencontre souvent lors des ateliers des clientes qui utilisent des applications pour connaître l’innocuité ou la nocivité des produits qu’elles achètent. Que ce soit dans l’alimentaire ou la cosmétique, aujourd’hui un simple scan permet d’orienter nos achats et surtout… de nous rassurer.

Mais comment fonctionnent ces applications?

Peut-on vraiment leur faire confiance?

Ma réponse est non. Certain(e)s diront que je prêche pour ma paroisse afin de proposer mon atelier « J’apprends à lire la composition ». À moi de vous démontrer que rien ne remplacera jamais les capacités humaines.

Les sources et leurs limites

Savoir exactement ce que l’on mange ou ce que l’on applique sur sa peau est une demande des plus légitimes. Les consommateurs sont de plus en plus exigeants quant à la composition, l’origine etc. La confiance en les industriels ayant été mise à mal de nombreuses fois, ces applications semblent être la solution pour décortiquer une composition bien souvent obscure et s’assurer d’acheter un bon produit. La première question à se poser est: mais d’où proviennent leurs informations? Pour classer un ingrédient dans une catégorie, quelle qu’elle soit, et lui accoler une évaluation, il est nécessaire d’avoir des sources d’informations fiables.

Selon les applications, ces sources sont diverses:

  • base de données
  • études scientifiques nationales, internationales ou indépendantes.

Par exemple, la bien connue Yuka, fonctionne à partir de la base de données Open Food Facts (ouverte à tous, y compris aux fabricants industriels…) pour l’alimentaire, Open beauty Facts pour les cosmétiques; elle permet également à ses utilisateurs, sur le modèle de Wikipédia, de rentrer des données produits; et aux industriels de leur fournir les données de leurs produits.

Les sources de chacune des applications étant différentes, les notations pour un même produit ou ingrédient le sont également, ceci explique cela!

Des applications sensées nous faciliter la vie? Comment s’y retrouver parmi tant de disparités? Une autre questions que l’on peut se poser concerne la mise à jour de ces bases de données: avec la multitude de produits qui circulent sur le marché, certaines données rentrées ont-elles été mises à jour?

Si ce n’est pas le cas, nous consultons des informations erronées car si les données scientifiques ont évolué sur un ingrédient ou une formulation, le code barre, lui, n’a pas changé… De plus, le système de notation de chacune de ces applications a été conçu en fonction des souhaits de ses créateurs, autant dire de la manière la plus suggestive. L’une mettra en avant l’aspect controversé d’un ingrédient, l’autre le principe de précaution alors qu’aucun problème n’est encore avéré.

Quantité et qualité

Ces applications, par ailleurs, ne prennent pas en compte certains points pourtant importants. À trop considérer l’ingrédient au détriment de la globalité d’un produit, on commet des impairs!

Imaginons que vous souhaitiez acheter un cosmétique pour un ingrédient bien précis, l’application vous évaluera la qualité de cet ingrédient mais ne vous donnera jamais la quantité, même estimée. Vous seriez alors susceptible d’acheter ce produit alors que l’ingrédient qui motive votre achat n’est présent qu’en infime quantité! Alors qu’en sachant lire vous-même la composition vous auriez été en mesure de comprendre qu’une dixième place dans la composition signifie que la quantité est minime. Il n’y a que vous et votre savoir qui sauraient également décrypter les huiles estérifiées dans un cosmétique même estampillé bio et/ou naturel: l’application ne vous le notifiera pas comme ingrédient nocif, puisque ce n’est pas le cas, mais elle ne vous dira pas non plus que vous achetez un produit dont les huiles estérifiées n’ont aucun intérêt pour votre peau, si ce n’est d’obstruer les pores, et qu’il vaut cent fois mieux une huile végétale pure de première pression à froid! Que l’huile estérifiée la plus utilisée et celle de palme et qu’elle est la responsable d’une déforestation massive…

Au niveau alimentaire, le sel, le sucre, en produits bruts ou le beurre sont souvent classés dans la mauvaise catégorie, mais quand vous achetez du sel ou du sucre, vous ne comptez pas avaler la boîte entière en un jour, ni manger la plaquette de beurre! Par contre, la notation ne prends pas en compte le degré de transformation d’un aliment. Quant aux suggestions faites, bien souvent elles nous renvoient sur des produits à fuir: les allergènes, comme certaines huiles essentielles, sont systématiquement mal notés, à la place on vous propose un produit dont les ingrédients ont un impact plus que négatif sur votre santé et l’environnement (silicones, PEG etc.). Autant vous demander de choisir entre la peste et le choléra! L’origine, l’impact environnemental des ingrédients, l’éthique de l’entreprise sont passés sous silence. Aucune application ne vous donnera d’information à ce sujet. Bref. Je pourrais continuer longtemps ainsi!

Clarifions: je ne condamne pas ces applications, je dis simplement qu’elles ont leurs limites et qu’on ne peut se baser uniquement sur ce qu’elles nous transmettent pour faire nos courses. Apprendre à lire une composition n’est pas si compliqué, je dirais même que cela devient très vite un réflexe. Je ne suis pas chimiste pourtant à force de me pencher sur les compositions je repère rapidement les produits que je ne souhaite pas acheter. Être consomm’acteur demande un petit effort: celui d’arrêter de se dire « c’est trop compliqué, je n’y arriverai jamais »… L’être humain a de grandes capacités, bien plus élaborées et fines qu’une application, faites vous confiance!

Vous souhaitez participer à l’atelier « J’apprends à lire une composition »? Retrouvez toutes mes prestations et tarifs ici

Publié par Cathy Libaros

Créatrice de l'entreprise Durablement Vôtre, je vous propose des ateliers de fabrication de cosmétiques, produits d'hygiène et ménagers dans le cadre d'une démarche zéro déchet et de la protection de l'environnement

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